Posons dès le départ les termes du problème : Que va aller faire le Parti Socialiste dans un gouvernement dont le centre de gravité sera clairement à droite ? Que va aller chercher pour les travailleurs salariés un Parti socialiste isolé face à des partis de droite, voire d’extrême droite. Car, sur base du programme socio-économique de la NV-A, nous avons tendance à rejoindre Olivier Maingain quant à sa qualification du parti de Bart De Wever. Le PS veut-il vraiment se retrouver dans la même situation que son homologue Grec ou Portugais et se rendre complice d’une régression sociale sans précédent ? Le PS doit se rendre compte que son électorat n’est pas à Lasnes mais dans les quartiers populaires ! Et donc que ce n’est pas de « consolidation stratégique », bel euphémisme pour ne pas dire « privatisation des services publics », que son électorat a besoin, mais d’un retour à une véritable redistribution des richesses en Belgique. Redistribution qui passe par la fin des mécanismes fiscaux, dont les intérêts notionnels, qui font de la Belgique un paradis fiscal. Car la FEB a raison lorsqu’elle dit que les entreprises respectent la loi ! En clair, cela signifie que 12 ans de ministère des finances aux mains de Didier Reynders, a permis de légaliser la fraude fiscale dans ce pays ! « On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent ». Cette citation attribuée à Bertolt Brecht résume bien le discours, notamment médiatique, actuel qui s’offusque de deux jours de grève dans les transports en commun mais trouve normal qu’il y ait 10% de millionnaires en plus en Belgique à un moment où on explique aux travailleurs salariés qu’il est indécent de leur part de ne pas se contenter d’une « augmentation » salariale de 0% en 2011 et 0,3% en 2012. Nous avons dénoncé, chiffres à l’appui, à plusieurs reprises ce scandale indigne d’un état qui se veut démocratique en ce 21esiècle. On ne peut accepter l’augmentation de la pauvreté et de la précarité dans notre pays alors que les richesses de celui-ci continuent de croître. Être progressiste, c’est vouloir le progrès pour tous. Pas l’instauration de la loi de la jungle où les plus forts, les plus aptes, survivent grâce à « leurs mérites ». N’en déplaise à certains idéologues libéraux, le progressisme ne se situe pas dans des néologismes visant à moderniser un discours qui fondamentalement n’a guère changé depuis la naissance du capitalisme. Mais revenons à notre point de départ : le PS doit-il rester au pouvoir ? Après plus de 20 ans de pouvoir ininterrompu, quel est son bilan ? Tant sur le plan socio-économique que sur le plan idéologique ? Depuis plus de vingt ans, c’est le discours de la droite qui a percolé. Et les actes du PS n’ont pas forcément été à la hauteur de nos espérances. Rappelons simplement l’épisode du dit « pacte de solidarité entre les générations » de 2005. Ou plus près encore le vote par le PS de l’AIP, certes amendé suite aux mobilisations de la FGTB. Deux dossiers où les travailleurs avaient clairement exprimé leur opposition et où le PS a choisi de ne pas suivre leur avis. Et dans quelques jours, que devrons-nous encore accepter au nom du pragmatisme politique, au nom du trop facile « sans nous ce serait pire » ? Devrons-nous valider le début du détricotage de la place des Mutuelles dans la protection sociale des Belges ? Et par là la marchandisation de pans énormes de la sécurité sociale ? Devrons-nous avaler la fin du système des prépensions ? Devrons-nous nous résoudre à la limitation dans le temps des allocations de chômage ? Sur ces trois points, les échos ne sont pas réjouissants et les récentes décisions de l’Europe limiteront les marges de manœuvres démocratiques des états. Au contraire, et il faut le souligner, la revendication de la FGTB du maintien de l’indexation automatique des salaires est toujours défendue avec vigueur par le PS. C’est cela que nous attendons de ce parti de gauche ! Le mouvement syndical ne pourra pas accepter de se rendre complice d’un détricotage en règle de ses conquêtes sociales. Si le PS ne se considère plus comme le représentant de la classe des travailleurs salariés, ce n’est pas notre cas. Notre responsabilité est de continuer à défendre ceux qui produisent réellement la richesse de ce pays mais qui en retirent de moins en moins les fruits. Alors nous lançons un avertissement clair, que nous savons partagé par de nombreux autres syndicalistes : Non le PS ne doit pas participer à un gouvernement à tout prix. D’autant qu’il peut largement faire monter les enchères car il est incontournable au niveau francophone. Oui le PS doit pouvoir oser le retour dans l’opposition. Pour se ressourcer. Pour reconstruire une riposte claire et cohérente porteuse d’alternatives. Et s’il devait faire le choix de s’accrocher au pouvoir, il est nécessaire que l’accord gouvernemental bétonne une série de points. À commencer par le fait que l’on ne réduit pas un déficit uniquement en comprimant les dépenses. Mais que l’augmentation des recettes peut aussi être la solution. Et que dans ce scénario, la reprise en main du Ministère des finances afin de redonner des moyens pour aller chercher l’argent là où il est doit être une piste pour un parti socialiste volontaire et conquérant. Les résultats d’élections récentes en Europe le démontrent : quand les socialistes font la même chose que la droite, c’est la droite qui en profite électoralement !
Égidio Di Panfilo, secrétaire général du SETCa-Liège |

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