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Pour un premier mai de fête, mais aussi de revendications et de combats

30/04/2024

Pour un premier mai de fête, mais aussi de revendications et de combats

Le Premier mai fut longtemps une journée de lutte ayant pour revendication la réduction du temps de travail selon le principe des 3x8 : 8 h de travail, 8 h de loisirs, 8 h de repos. Cette revendication, portée par le mouvement socialiste partout dans le monde, s’accompagnait en Belgique d’une autre revendication centrale : le Suffrage Universel. Le second devant permettre une majorité parlementaire issue du monde du travail qui voterait des lois en faveur de ce dernier.

C’est bien ce qui se passe en 1921. Le Suffrage Universel (qui malgré son nom n’est alors encore que masculin) obtenu gonfle la représentation parlementaire du Parti Ouvrier Belge. Au gouvernement, il fait passer la loi sur la réduction collective du temps de travail. Qui se veut alors un progrès pour les travailleurs qui ne voient pas pour autant leur pouvoir d’achat diminuer. Au contraire, on pourrait même dire qu’avec les mesures complémentaires, à l’image de la loi Destrée sur les bibliothèques publiques qui ouvre tout le champ de la législation sur l’éducation populaire/permanente, c’est leur pouvoir de vivre qui augmente. La loi sur les 8 h consacre en effet le principe d’avoir du temps de loisirs, du temps pour soi. Mais l’un n’est permis que par l’autre. Pour pouvoir pleinement bénéficier de son temps de loisir, il est nécessaire d’avoir un socle économique suffisant. Un toit, de quoi se nourrir correctement… la question des salaires est donc cruciale, vitale. En cela la révision de la loi de 1996 pour permettre une liberté de négocier des hausses de salaire est indispensable. Car si quelques centimes ou euros par ci par là dans des chèques-repas ou autres aident certes à joindre les deux bouts, c’est d’un réel salaire suffisant qui permet de vivre et de se projeter dans l’avenir dont nous avons besoin.

Le 1er mai reste malgré tout une journée de lutte où on fait grève et manifeste pour revendiquer des avancées sociales. C’est en 1946, dans la foulée donc de l’établissement de la sécurité sociale, que le 1er mai devient un jour férié. Immense reconnaissance que de devenir un des très rares jours fériés non catholique. Mais changement aussi de sa nature, la fête va prendre petit à petit le pas sur la revendication.

Si la fête, la joie de vivre, se rassembler pour célébrer et échanger doit faire partie de la vie militante et n’est pas réservée aux élites, il est aussi important, en cette année électorale, de ne pas oublier la dimension revendicative.

La décision de l’Europe de voter un carcan budgétaire aux états, carcan imposant des réductions de déficit public drastiques en travaillant uniquement sur les dépenses (hors défense) et non sur les éventuelles recettes doit nous faire réagir. À la veille d’un méga scrutin électoral, cette confiscation de la démocratie est interpellante et se doit d’être dénoncée. Seule la FGTB a mené des actions sur ce thème. Et continuera à le faire, notamment par la diffusion d’une campagne d’information claire sur ses conséquences. Des conséquences dont les partis belges qui se présentent à nos suffrages vont devoir nous expliquer en tant qu’électrices et électeurs, comment ils vont le faire. C’est le sens des interpellations que nous, syndicalistes, porterons à l’occasion de ce 1er mai. Les services publics, la culture, les soins de santé, les nombreuses associations travaillant dans le social, les entreprises à participation publique… tout cela va être impacté. Et va donc nous impacter dans notre quotidien.

Cette situation rend d’autant plus importante la nécessité de s’exprimer aux élections politiques, de marquer son choix. Car non, la politique que veut mener la droite n’est pas la même que celle de la gauche. Oui de réelles différences existent : limitation, voire suppression de l’indexation des salaires, limitation des allocations de chômage dans le temps, durcissement des règles envers les travailleuses et travailleurs malades de longue durée, attaque sur les conquêtes obtenues par les femmes sur la maîtrise de leur sexualité et de leur corps… Quelques exemples concrets, parmi bien d’autres, sur lesquels le vote du 9 juin aura un impact. Ne pas se tromper de colère, ne pas confondre une juste frustration et rage qu’il s’agit de faire entendre, et le fait de se tirer une balle dans le pied, de voter contre ses intérêts. En cela, le vote envers l’extrême droite se doit d’être clairement énoncé comme une forme de suicide pour le monde du travail.

Ce monde du travail qui dans beaucoup d’endroits, encore trop peu malheureusement, va aussi se rendre aux urnes dans 15 jours. Un vote tout aussi important. Et dès à présent, pour le SETCa de Liège-Huy-Waremme, un réel signal. Alors qu’on dit les gens de plus en plus individualistes, de moins en moins solidaires, de plus en plus éloignés de la chose politique et se repliant sur leur intérêt direct, nous engrangeons cette année une forte augmentation du nombre de nos candidates et candidats et un réel renouvellement. Pour nous, c’est un signe que sur le terrain, même si ce n’est pas facile, les gens savent que c’est collectivement, à travers une organisation syndicale forte qu’ils peuvent se faire non seulement entendre, mais surtout respecter. Des combats récents ont montré clairement qu’au SETCa Liège le fait de dire « négocier tant que c’est possible, se battre quand il le faut », n’est pas qu’un simple slogan mais bien une réalité. 

Et que la lutte, menée collectivement, paie.

En ce 1er mai, nous ferons la fête place St-Paul. Car il est important de se retrouver pour vivre des moments heureux. La gauche, la militance, ne peut être triste. Elle se doit d’être porteuse d’espoir et de vie. À l’image du printemps que fête aussi le 1er mai. Mais nous puiserons aussi dans cette joie et cette fête la force pour les combats que nous aurons à mener dans les jours et les mois qui viennent. Par l’arme que constitue notre bulletin de vote mais pas seulement. Car avant et après, nous serons dans la rue pour dire que nous ne donnons pas un chèque en blanc. 

Nous envoyons un signal fort et clair pour que d’autres politiques soient menées.

 

Françoise Bernard, Secrétaire Générale SETCa Liège-Huy-Waremme