Le SETCa Liège, passé le moment d’émotion, et une première réaction dans la presse (L’Echo et De Tijd) de son Secrétaire permanent Francis Lamberg, tient à préciser une série de points.
1° Le climat social
AB-INBEV est connu pour sa pratique de l’intimidation anti-syndicale (voir le site de L'Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) https://www.iuf.org/?s=ab-inbev&submit=Search). Il n’est donc pas étonnant de voir apparaître une mise en cause à l’encontre d’un syndicalisme de contrepouvoir qui défend réellement les travailleuses et travailleurs.
« Négocier quand c’est possible, se battre quand c’est nécessaire » reste notre principe. Et s’il fut fortement médiatisé, le dernier conflit sur le site de Jupille n’a pas été le seul conflit que le groupe a connu ses derniers mois avec des arrêts à répétition, certes plus limités dans le temps et moins visible, sur d’autres sites. Et au lieu de pointer du doigt son personnel de production, la direction ne devrait-elle pas plutôt réfléchir à sa politique d’encadrement et de (sous) investissement dans un site que l’on continue pourtant à agrandir en terme de surface… mais en le désavantageant systématiquement au niveau des commandes et possibilités de production.
2° L’opération de green-washing
C’est à la mode, donc AB-INBEV nous explique que ce sont des considérations écologiques qui guident la localisation de la production de la Stella aux USA. Ne serait-ce pas plutôt les coûts supplémentaires engendrées par la guerre douanière initiée par Trump ? Ne serait-ce pas plutôt les coûts et risques inhérents au transport intercontinental ? Ne serait-ce pas plutôt que maintenant que la Stella est bien installée la mention « made in belgium » est moins nécessaire ?
Et si cet argument peut être entendu concernant la production de la Stella pour le marché américain, en quoi le déplacement de la production de la Leffe à Louvain change-t-elle la donne écologiquement ? Surtout quand on connait la capacité de tonnage de la Meuse/canal Albert (de l’ordre de… 15x plus) comparée à la Dyle pour aller vers Anvers…
Et tant mieux si AB-INBEV se soucie de l’environnement. Nous serions encore plus contents s’il intégrait l’environnement social et humain dans ce soucis.
3° Comme un arrière-goût de déjà vu
Détourner progressivement des volumes de production, et des volumes stratégiques, d’un site vers un autre pour lentement l’assécher et puis signifier qu’il n’est plus assez productif et rentable est une stratégie que nous connaissons bien à Liège. L’exemple d’ArcelorMittal n’a-t-il pas servi de leçon ?
