Un travail précaire signifie un score plus faible en matière de bien-être et de santé. C’est ce qui est ressorti d’une étude récente menée à la VUB. En outre, les jobs précaires sont responsables d’une répartition inégale de risques pour la santé et le bien-être dans la société. Les chercheurs ont également constaté que les facteurs sociaux, tels que les conflits vie privée-professionnelle ou les faibles revenus familiaux, renforcent davantage la relation entre précarité et faible bien-être.
Un travail précaire est pour ainsi dire un travail qui ne répond pas aux “attentes standards” qu’on la plupart des gens sur “un travail décent”: contrat fixe, travail à temps plein et suffisamment rémunéré qui suit plus ou moins le rythme journalier classique de 9-17. Le nombre de jobs précaires a augmenté les dernières années dans la plupart des pays européens, aussi en Belgique. Il est de plus en plus clair que les jobs précaires entraînent des risques pour le bien-être et la santé des travailleurs. C’est également ressorti de l’étude récente menée par la VUB. Cette étude, menée par Elief Vandevenne sous la direction du professeur en sociologie Christophe Vanroelen (VUB), souligne également l’importance de la situation personnelle dans laquelle les travailleurs se trouvent.
Travail précaire et santé
Une enquête réalisée sur un échantillon de plus ou moins 3000 personnes en été et automne 2019 est à la base de ces résultats. Dans cette étude, la précarité a été mesurée en calculant un score basé sur la mesure à laquelle les personnes étaient exposées aux différentes caractéristiques du travail précaire: contrat temporaire, pas de voix au chapitre, manque ou incapacité à faire respecter les droits sociaux, position vulnérable au travail, horaire de travail flexible et imprévisible, faible rémunération, aucune possibilité de formation. Une relation solide a été établie entre les scores élevés en matière de travail précaire et les scores faibles en matière de bien-être. Cette relation est plus forte que les effets des caractéristiques distinctes. Cela démontre que le travail précaire est une situation complexe qui se manifeste par diverses petites et grandes caractéristiques de travail désagréables, mais se résume essentiellement au fait que les travailleurs précaires se trouvent dans une position générale d’impuissance au travail.
L’importance de la situation personnelle
Les caractéristiques du job en lui-même ne sont pas les seules importantes, le contexte social dans lequel les travailleurs se trouvent l’est également. La situation personnelle fait également ressortir la relation entre travail précaire et faible bien-être. Un faible revenu familial renforce la relation entre jobs précaires et faible bien-être des travailleurs. Cela vaut également pour les difficultés à trouver un équilibre durable entre vie privée et professionnelle. Cependant, il semblerait qu’un revenu familial suffisamment élevé puisse partiellement contrer l’effet du travail précaire sur le bien-être.
Secteurs sensibles
Dans cette étude, des secteurs étant reconnus comme exigeant beaucoup de travail manuel pour un bas salaire ont été examinés. En d’autres termes: les secteurs où on pouvait s’attendre à davantage de précarité. Pourtant, même au sein de ces secteurs, de grandes différences ont été observées. Ce sont principalement la construction, le gardiennage et le nettoyage – plus particulièrement les titres-services – qui obtiennent un score relativement élevé en matière de précarité et faible en matière de bien-être. Ce sont les secteurs qui sont les plus confrontés aux bas salaires (qui résultent souvent en revenus familiaux faibles) et aux horaires de travail irréguliers (qui dans de nombreux cas contribuent au conflit vie privée-professionnelle au niveau de la famille). En outre, les lésions physiques et les blessures surviennent également plus dans les secteurs de la construction et du nettoyage que dans les autres secteurs. Dans les secteurs qui obtiennent un score relativement moins élevé en matière de travail précaire, on retrouve toutefois aussi certains points sensibles. Ainsi, il semblerait, par exemple, que les travailleurs de l’industrie ont plus de difficulté à faire réellement respecter leurs droits (sociaux).
Ce qui est également frappant c’est que – en comparaison avec la moyenne pour un groupe représentatif de tous les travailleurs belges – ce sont principalement les travailleurs des secteurs du nettoyage, de la construction et du gardiennage qui obtiennent un très mauvais score sur un certain nombre d’autres caractéristiques de travail, tel que le manque d’autonomie ou de variété de tâches, la pression du temps lors de l’exécution du travail et les conditions de travail physiquement lourdes. Il existe un lien clair entre les conditions de travail et le travail précaire: les travailleurs précaires sont plus souvent exposés à ce genre de conditions de travail puisqu’ils ont moins voix au chapitre d’un point de vue structurel pour déterminer leurs conditions de travail.
L’équipe du professeur Vanroelen étudie déjà depuis quelques années le travail précaire et la qualité du travail. Grâce à un site informatif (www.precariouswork.be), M. Vanroelen essaie d’expliquer au grand public les résultats principaux de cette étude.
Actuellement, une deuxième enquête est menée sur le travail précaire en Belgique. Toute personne qui travaille et qui le souhaite peut participer à cette enquête via ce lien: https://vub.fra1.qualtrics.com/jfe/form/SV_3QxNt4VRV9NXprv
