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Un mot de bienvenue

27/01/2020
Un mot de bienvenue

Un mot de bienvenue

Pour un syndicalisme dont les affilié·es et les délégué·es sont au cœur du développement

Ce texte est issu du discours prononcé lors des débats du congrès statutaire fédéral

Camarades,

Les mutations dans les modes de production et les services ont des conséquences évidentes sur le monde du travail, comme le décrivent en long et en large nos résolutions de congrès tous les quatre ans.

Elles le décrivent d’autant mieux qu’elles sont issues du vécu de nos délégué·es. Un vécu de plus en plus difficile face à la dégradation des conditions de travail.

Un détricotage progressif de nos conquêtes sociales depuis 40 ans mais qui s’accélère ces dernières années avec une offensive généralisée contre les droits sociaux obtenus au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Et comme le souligne fort justement le rapport d’activités, les 5 dernières années avec un gouvernement très à droite minoritaire côté francophone où le seul MR, sanctionné d’ailleurs lors des élections du mois de mai dernier, était présent ont été catastrophiques.

Nous nous sommes déjà exprimés sur le bilan. Il s’agit maintenant surtout de se projeter dans l’avenir. Un avenir qui nécessitera un syndicalisme adapté aux profondes mutations du monde travail sans renier son ADN.

Car notre organisation collective construite progressivement depuis 125 ans se doit également d’évoluer sans perdre de vue ses valeurs et sa raison d’être. Comme le disait justement la résolution « défi pour notre fonctionnement et nos structures syndicales » de notre précédent congrès : « l’objectif est plus important que le timing».

Un des défis auquel nous allons être confrontés dans les mois et les années qui viennent est la contestation de la notion de salariat.

Cette conquête syndicale est attaquée de plusieurs manières :

Par la propagande, dès l’école, envers l’entrepreneuriat et la valorisation du statut d’indépendant. Un statut qui a été amélioré par les libéraux. Ce dont nous pourrions nous réjouir si le financement de cette amélioration n’était supporté par les salariés.

Par la volonté de créer un troisième statut, sous-prétexte de prendre en compte la réalité de l’économie collaborative, de plateforme et du numérique. Un troisième statut qui s’apparente surtout à un statut de non droit et à un retour au travail à la pièce.

Par aussi, et cela doit attirer notre attention, la multiplication des jobs de merde, des sous-statuts, du précariat généralisés qui rendent illusoires pour de plus en plus de personnes les protections normalement liées au salariat. Si le salariat ne passe plus par des CDI temps plein, s’il devient un horizon inatteignable pour de plus en plus de jeunes, alors il sera décrédibilisé.

Ces trois menaces doivent être prises au sérieux.

Mais la dernière nous concerne dans notre organisation. Car la hausse du précariat, du nombre de travailleuses et travailleurs pauvres est une bombe à retardement sociétal mais aussi pour les syndicats.

Nous sommes trop peu sur les combats pour des solutions pour ces personnes, parfois plus occupés à faire du bricolage comme des plans « cafeteria » plutôt qu’à nous battre pour l’augmentation réelle des salaires (soit l’augmentation du brut).

Un exemple concret pour nous faire comprendre : de plus en plus de travailleuses et travailleurs émargent du CPAS. Depuis les réformes des dernières années, celui-ci est conditionné et les bénéficiaires subissent des contrôles de plus en plus serrés et intrusifs.

Or, alors qu’un tel contrôle fait au niveau du chômage permet un accompagnement et un appui syndical, au CPAS la personne est laissée sans défense alors que si elle est à cet endroit, c’est déjà qu’elle est plus fragilisée ! Ajoutons que de plus en plus de jeunes étudiant·es sont aussi dans cette situation.

Au-delà de la question des seuils pour permettre les élections sociales et/ou l’installation d’une délégation syndicale, question importante au vu de la diminution du nombre de grandes entreprises, c’est donc aussi la question de notre présence aux côtés des travailleuses et travailleurs précaires qui se pose. Ne pas revoir notre fonctionnement afin de les organiser, c’est se résoudre à se refermer sur une frange favorisée, ou du moins intermédiaire, du monde du travail qui ne cesse de rétrécir.

Cela passe par des services, une articulation des structures mais aussi des revendications à même de prouver concrètement à cette masse de plus en plus importante de travailleuses et travailleurs que nous n’organisons peu ou pas que le syndicat se bat aussi pour elles et eux.

En cela la revendication de la hausse du salaire minimum est essentielle, tout comme celle de la réduction collective du temps de travail. Ne pas prendre la mesure de cette urgence, c’est s’exposer demain à un mouvement des gilets jaunes plus massif, à des jeunes passant à l’action avec « Extinction rébellion » et non avec nous, à une organisation de la contestation en-dehors (voire rejetant) les syndicats.

Dire cela, ce n’est pas pour autant abandonner des revendications pour les maillons les plus importants de notre organisation. Celles et ceux sans qui nous ne serions pas là. Celles et ceux qui sont majoritaires dans cette salle : vous, les délégué·es. Celles et ceux qui doivent être totalement au cœur de notre futur.

Le travail syndical de terrain est un travail militant qui nécessite du temps et des compétences de plus en plus grandes. Au niveau du temps syndical, nous devons être plus fermes et permettre à nos délégué·es d’exercer leur fonction et d’être présent·es tant auprès des différentes catégories de travailleuses et travailleurs qu’elles et ils représentent sur leur lieu de travail qu’au sein de nos instances où l’implication des militant·es se doit d’être réelle.

Au niveau des compétences, la question des formations syndicales est centrale. A nouveau, le temps dégagé pour les permettre est un enjeu. Mais les moyens consacrés, tant humains que matériels également. Si la numérisation apporte des facilités, rien ne vaut le contact humain, l’échange. Avoir la possibilité de donner un document et de le présenter sera toujours plus efficace que l’envoi d’un fichier à distance.

Nos formations, comme nos différentes communications doivent également être au cœur d’une bataille culturelle, sur les idées et qui se doit d’être menée pour contrer le climat ambiant antisyndical qui ne peut qu’être défavorable à nos délégué·es de terrain et décourager des vocations.

En ce sens, une réponse beaucoup plus ferme à la criminalisation du mouvement syndical et aux attaques contre les libertés syndicales est primordial.

Un dernier mot enfin. Lutter pour la hausse du salaire minimum est un combat pour l’égalité homme/femme car ce sont ces dernières qui sont le plus souvent concernées.

Mais cela passe aussi, et dès à présent, par une lutte contre les temps partiels qui sont majoritairement subis.

Cela passe par la concrétisation 62 ans après le traité de Rome, 53 ans après la grève historique des femmes de la FN, de la revendication "A travail égal, salaire égal"

Cette égalité homme/femme doit être salariale. Mais nous le savons toutes et tous, le salaire n’est pas le seul et unique moyen de parvenir à plus d’égalité. Plus de parité dans nos instances, dans nos délégations… est aussi un combat à poursuivre.

Camarade Myriam, que tu le veuilles ou non, tu es un symbole, le symbole de cette avancée en devenant la première femme à accéder à la Présidence d’une grande centrale professionnelle.

La FGTB aurait dû nous devancer. Nous savons toutes et tous ici comment et pourquoi cela n’a pas été le cas.

Le SETCa montre ici la voie. Au nom de la section de Liège, je te souhaite le meilleur.

Mais tu le sais, notre section est une section exigeante.

Elle n’hésitera donc pas à signifier son désaccord quand elle le jugera nécessaire. En espérant que cela soit le moins souvent possible.

Camarades,

Le cœur du futur de notre organisation syndicale, et du syndicalisme en général, se trouve chez nos militant·es et plus particulièrement chez vous nos délégué·es. C’est pourquoi nous devons vous remettre au centre de nos réflexions et de nos actions.

Françoise Bernard, Secrétaire Générale du SETCa Liège-Huy-Waremme